LE MOUVEMENT ANTI-SPOILER: un non-sens philosophique

Le mouvement anti-spoiler est un gros problème aujourd’hui. Elle est basée sur l’idée populaire mais fausse que l’on peut aborder un texte (un film, une série, une personne, etc.) sans a priori, comme une expérience “pure”. C’est le Sartre de “l’enfer, c’est les autres”.

En fait, les spoilers sont inévitables et peuvent souvent enrichir notre expérience. Peut-être devraient-ils être appelés “amplificateurs”? C’est le “Je est un autre” de Rimbaud

(C’est aussi “Le moi est haïssable.” de Pascal – le texte tout comme le lecteur peut fonctionner comme un “moi”, un ego unitaire opposé à l’expérience d’une altérité transformatrice).

Lire c’est noétiser, c’est à dire travailler (ou jouer) avec son esprit et son âme (et son corps) en faisant usage de sa force de pensée et d’imaginer (aspects de sa force de travail). On lit, on fabrique sa lecture, avec tous les matériaux disponibles.

Ce qui est nuisible ce ne sont pas les spoilers en tant que tels, mais les “mauvais” spoilers, ceux qui entourent le texte avec des réactions consensuelles et qui réduisent le texte à un objet qu’on peut catégoriser, au lieu de traiter comme un ensemble de signes qui peuvent stimuler notre esprit.

Si j’écris une chronique sur un texte, j’essaie de “dé-consensualiser” un texte (film, série, etc.), de lui rendre un peu de la joie de penser et d’imaginer qu’il nous communique.

Je suis donc d’accord avec Jesse Willis du SFFaudio Podcast que si un texte vaut la peine d’être lu on ne peut pas le “spoiler”, mais on peut l’amplifier.

Concrètement, je lis régulièrement les chroniques de

https://lecultedapophis.com/

https://lepauledorion.com/

https://syndromequickson.com/

https://lechiencritique.blogspot.com/

https://www.quoideneufsurmapile.com/

et beaucoup d’autres sans me soucier de si j’ai lu l’histoire recensée ou non. J’ai assez de confiance que je vais trouver leurs idées pertinentes, sans avoir besoin d’être d’accord, et sans craindre d’être influencé – je suis assez dissensuel de nature, sans avoir à faire d’efforts particuliers pour l’être.

Partager les idées d’une bonne histoire ne la gâche pas mais donne envie de la lire. Révéler les points de l’intrigue d’une histoire pauvre en idées la gâche souvent. Certains auteurs ne semblent pas être capables de faire la distinction entre les idées et les points de l’intrigue.

A quoi bon bloguer si les lecteurs visés doivent avoir fait les mêmes lectures que moi?

J’écris, comme je lis, pour sortir de ma bulle, non pas pour m’y enfermer.

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